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SYNTHESE DES ECHANGES

Le contexte– le débat sur le don du sang et la transfusion sanguine intervient dans un contexte camerounais au sein duquel demeure le problème du don de substitution – savoir s’il y a des donneurs, corrélativement à ce que l’on observe dans la pratique avec l’existence du marché des donneurs aux alentours des hôpitaux et des centres de transfusion sanguine. Mais il faut aussi souligner l’existence d’une loi ; celle de 2003 sur la transfusion sanguine. Il faut en fin noter que le contexte est aussi celui où la première cause de mortalité des femmes en âge de procréer est l’anémie.

Le problème que soulève le don du sang et la transfusion sanguine au Cameroun se traduit par une problématique éthique qui s’exprime de façon plurielle. Cette problématique est celle de l’égalité d’accès et de la sécurité  des produits sanguins. Elle pose en filigrane la question de la discrimination, soit du fait de l’exclusion de certaines catégories de personnes, soit selon le critère financier.

Le point de vue de l’expert –(Le Professeur Tayou est enseignant à la FMSB et par ailleurs responsable du service d’Hématologie au CHUY)

L’exposé par l’expert sur la thématique objet des échanges avait pour but d’entretenir l’assistance sur :

·         Les principes éthiques en matière de don de sang et de transfusion sanguine ;

·         L’état de la mise en œuvre de ces principes au Cameroun.

Les points de l’exposé :

Ø  L’Introduction : elle est revenue sur l’origine de l’éthique du don de sang à travers notamment la relation de sang avec la santé, celle de la notion de pureté et de sang ; celle qui lie le sang et la race, ou le sang aux droits humains (droit du sol) avec lesquelles émergent la notion de discrimination. Cette évolution va culminer avec la relation de sang et sécurité pour faire allusion au sang contaminé, ou impur non, pas par la race, mais impur de par le risque infectieux ou risque transfusionnel. Ce dernier se traduit par l’exclusion de certaines catégories de donneurs, la sélection médicale ou le refus du don de sang.

Ø  La définition des concepts clés relatifs au don du sang et à la médecine transfusionnelle. L’expert a successivement dit à quoi renvoie les concepts de : « don de sang, de donneur bénévole, de donneur rémunéré, de donneur familial ou de remplacement, de transfusion sanguine, de médecine du don, de blood banking et enfin de médecine transfusionnelle ».

Ø  Les différents aspects éthiques du problème que pose le don du sang. Ces aspects dénotent de la nature même du produit sanguin et de sa perception dans l’imagerie populaire. Car :

·         Le don de sang est un don de soi et non un service (aucune usine ne fabrique le sang – son don est l’unique source d’approvisionnement) ;

·         Le sang est un produit labile ; le don du sang doit être renouvelé ou fréquent car l’on ne peut conserver le sang pendant longtemps ;

·         Le don de sang est rare – dans l’imaginaire, c’est une partie de soi que l’on donne, ou de son énergie ou même de son âme ;

·         Le don de sang présente des risques, notamment pour le receveur.

De ces problèmes découlent des freins au don du sang. Ce sont la peur, la sous-information ou la mal-information du donneur, et même la manière avec laquelle il est reçu lors du don.

Ø  Les principes éthiques du don de sang et de la transfusion sanguine :

·         L’anonymat : l’identité du donneur et du receveur doit être préservée ;

·         Le volontariat : il renvoie à l’expression de la volonté du donneur par son consentement qui doit être libre et sans contrainte ;

·         Le bénévolat (refus de toute rémunération) ;

·         La justice : doit se traduire par l’égalité entre les donneurs ainsi qu’entre les malades transfusés ;

·         Le non-profit (renvoie à la gratuité du don de sang)

·         La sécurité : à cause du risque, il y a nécessité de garantir la qualité du produit sanguin mais aussi celle du donneur au moment du don ;

·         La sureté : c’est celle de l’environnement du don et de la transfusion.

Ø  Les stratégies mises en œuvre au Cameroun :

·         L’organisme du don et de la transfusion sanguine : le Centre National de Transfusion Sanguine (organe et opérateur unique) ;

·         Le code éthique : régit l’éthique du don et de la transfusion ;

·         Le financement ;

·         Promotion du bénévolat par l’organisation de la société civile, les ONG, les associations ;

·         Le système de gestion de la qualité pour garantir la sécurité ;

·         Le système d’hémo-vigilance pour assurer le suivi-évaluation

·         La loi de 2003 sur la transfusion sanguine

Au Cameroun, le problème du don de sang et de la transfusion sanguine s’accentue du fait de :

·         l’absence d’un code éthique qui devra permettre l’application de la loi de 2003 ;

·         le non-respect des principes éthiques relatif à la l’anonymat et au volontariat notamment dans le cadre familial ;

·         les limites d’ordres financières car 18% de centres transfusent encore du sang non testé, ce qui ne garantit pas la sécurité du receveur ;

·         la discrimination tant dans les soins transfusionnels qu’à l’égard des donneurs scarifiés, ceci à cause du risque infectieux.

Discussionsles débats ont principalement porté sur :

Ø  La nécessité d’avoir une charte ou un code éthique au Cameroun, en vue de l’applicabilité de la loi de 2003 sur la transfusion sanguine ;

Ø  Les préjugés qui existent autour du don de sang dans notre contexte ; et à ce propos, le Pr Tayou a répondu que ces préjugés sont liés à la sous-information et au manque d’éducation. Pour pallier à ce manque, il suggère qu’il soit véhiculé des messages efficaces et réguliers, dans lesquels on prendra la peine d’expliquer les bénéfices de donner de son sang à la fois pour la société et pour le donneur même. Cette réponse a suscité le débat sur les multiples enjeux qui se dressent autour de a question du don du sang et de la transfusion sanguine.

Ø  L’approche communicationnelle sur le don du sang et la transfusion sanguine : cette approche porte critique à la stratégie communicationnelle actuelle en soutenant que les « schémas mentaux d’une civilisation ne se modifient pas par une information ou une communication opportune, spontanée ou même parce qu’il y a urgence ».Elle milite ainsi pour une autre approche de la communication sur le don de sang et pense qu’il y a besoin d’intégrer des spécialistes de la communication pour pouvoir susciter ce besoin de donner de son sang chez chaque citoyen. Car elle soutient qu’il existe en communication des techniques qui peuvent susciter chez les gens un intérêt et les pousser à donner de leur sang.

Ø  La question de la régularité de l’approvisionnement des banques de sang ou celle de la pérennité du don– elle a trait ou implique :

·         La gestion du don de sang au-delà de la générosité ;

·         La disponibilité durable du sang au-delà de la réaction spontanée ou occasionnelle ;

·         La formation d’un pull de donneurs qui va constituer ce qu’on appelle « masse critique » dans l’approche communicationnelle.       

Ø  La question sur la nature du sang en tant que bien – est-il un bien commun ? sur cette question, les spécialistes soutiennent que l’on ne saurait acheter ou vendre du sang et que les frais exigés ou déboursés lors de l’acquisition des produits sanguins sont dédiés à la sécurisation du sang. Le sang est le médicament le plus essentiel dans un système de santé. L’agir éthique pour le don du sang interpelle toute la société car le don du sang est un acte patriote.

Ø  La gestion au Cameroun du Sang donné pose aussi un certain nombre de questions :

·         N’y a-t-il pas gaspillage compte tenu de ce qu’au Cameroun nous transfusons encore du sang total ?

·         Qu’est-ce qui est fait pour sécuriser la transfusion sanguine ? Est-ce que toute nos transfusion sont évidence base ?